"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

mardi 27 février 2018

Archimandrite Kirill [Pavlov]: La douce Lumière de l'authenticité (4)



Pour autant que je puisse en juger, il ne s'est jamais considéré comme un staretz. Mais il ne considérait pas non plus qu'il avait le droit de refuser quiconque serait venu vers lui. Cela a causé de gros problèmes - comment pourrait-on faire en sorte que les gens puissent avoir l'occasion de lui rendre visite dans sa cellule de Peredelkino et s'assurer en même temps qu'il ait au moins un peu de temps pour se reposer? 

"Que puis-je faire?" Disait-il à l'époque, "sinon d'écouter quelqu'un [qui veut me parler]? Et il les écoutait... Il y avait des moments où cela durait de midi à deux heures du matin... À l'heure du déjeuner j'allais en courant, oubliant d'enlever mon tablier, et lui demandais de venir au réfectoire, à nous dans le bâtiment voisin. Même s'il n'avait aucun désir de nourriture, il arrivait toujours à l'heure. De plus, il considérait qu'il était de son devoir de participer au lavage de la vaisselle ensuite. Sans la moindre ombre de sérieux morose, sans édification moralisatrice, mais heureusement, de bonne humeur, comme s'il allait de soi qu'il rincerait la montagne de nos plats et de nos tasses sales (les sœurs et moi avions réussi à cacher l'autre montagne avant qu'il puisse y arriver), puis irait recevoir plus de gens. Et ainsi, tous les jours. À la fin, tout cela a commencé à nous sembler normal. Eh bien oui, Batiouchka fait la vaisselle, qu'y a-t-il de si étrange?

N'ayant pas connu le Batiouchka comme les autres (à quarante, cinquante ou soixante ans), je fus autorisé à ne voir que cette vieillesse éclairée, rayonnant de joie et de paix, incapable de colère ou même la moindre irritation à cause du ridicule de quelqu'un d'autre... cela semblait lui venir facilement, gaiement, organiquement à sa propre nature. 

Mais à en juger par ses propres histoires, son chemin monastique était un chemin de contrôle de soi dur, continu et approfondi. Tout cela exigeait, quoique invisible, un travail colossal. 

Pas de compromis avec quoi que ce soit qui contredisait les commandements de l'Évangile. C'est une autre affaire que sa rigueur envers lui-même n'a jamais conduit à une sévérité ascétique à l'égard de ceux qui l'entouraient. 

Il avait vraiment un coeur très gentil et miséricordieux. Personne ne pouvait jamais l'accuser d'insensibilité ou de réticence, ou du comportement que les ascètes inexpérimentés justifient habituellement par leurs travaux ascétiques «exclusifs» et leur éloignement envers la vanité terrestre. 

J'ose penser que ce qui avait pris la première place dans cette ascèse personnelle n'était pas le nombre de prosternations et de chapelets de prière, mais le commandement de l'amour. Ne jamais offenser qui que ce soit, préserver la paix dans son cœur - c'était là le souci principal de Batiouchka, sa principale préoccupation à toute heure. 

Et après tout, combien de ceux qui venaient à lui étaient simplement psychologiquement malades, ce qui est a priori impossible à satisfaire. Mais le père Kirill écoutait docilement les millions de critiques qui lui étaient adressées, exigeait d'écouter encore et encore, de recevoir des confessions...

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après




Jean-Claude LARCHET: Recension/Bernard Le Caro, Saint Justin de Tchélié,




Bernard Le Caro, Saint Justin de Tchélié, collection « Grands spirituels orthodoxes du XXe siècle », éditions L’Âge d’Homme, Lausanne, 2018, 291 p.


La collection « Grands spirituels du xxe siècle » vient de publier la Vie très attendue de l’archimandrite Justin Popovitch, canonisé par l’Église serbe sous le nom de saint Justin de Tchélié (du nom du lieu où est situé le monastère où il passa la plus grande partie de son existence terrestre), et encore appelé « saint Justin le Jeune » ou « saint Justin le Nouveau » pour le distinguer du célèbre saint philosophe homonyme du IIe siècle.

Nul n’était plus qualifié que Bernard Le Caro pour écrire cette Vie: non seulement sa maîtrise du serbe, du russe et du grec lui donnait accès à tous les documents nécessaires, mais il avait été – bien avant J.-L. Palierne – le premier traducteur en français de textes du Père Justin, et surtout, lors d’une dizaines de rencontres, il put connaître intimement le saint et entendre de sa part des avis et des commentaires dont il nous fait partiellement part ici.

L’auteur a bénéficié de différents documents biographiques publiés depuis la mort de saint Justin, mais a cependant composé une biographie originale, à la fois mieux ordonnée et plus complète que les biographies existantes.

Cette Vie d’un saint contemporain fait apparaître de manière équilibrée, nuancée et juste les qualités de sa personne, de son activité ecclésiale, et de son œuvre immense dans les domaines de la théologie, de l’exégèse et de l’hagiographie, et laisse entrevoir la rigueur de son ascèse et la profondeur de sa vie spirituelle.

Outre ce vaste travail qui nous permet de disposer d’une biographie définitive – la meilleure existant à ce jour –, l’auteur s’est livré, pour composer la seconde partie du volume, à un important travail de traduction. Il a choisi de traduire surtout des textes relatifs à l’ecclésiologie. D’une part, c’est un domaine où le grand théologien se montrait particulièrement brillant (la partie ecclésiologique qui constitue le dernier volume de sa Dogmatique est généralement considérée comme la meilleure). D’autre part, une partie de ces textes – en particulier une partie substantielle de l’ouvrage intitulé L’Orthodoxie et l’œcuménisme traduit dans plusieurs pays orthodoxes mais encore totalement inédit en français – permet de dissiper quelques malentendus sur ses positions relativement à l’œcuménisme, tandis qu’une autre partie rejoint l’actualité relative au récent synode interorthodoxe de Crète.

L’ouvrage peut être commandé sur le site des éditions L’Âge d’Homme.

Jean-Claude Larchet





SOLIDARITE KOSOVO

Un havre de paix à Lipljan
L'église du Père Serdjan à Lipljan et les quelques bâtiments qui l'entourent sont le seul endroit où les quelques centaines de Serbes vivant encore dans cette ville de plus de 6000 habitants peuvent se retrouver librement. Solidarité Kosovo y finance des travaux d'aménagement.

L'église de Lipljan est entièrement entourée d'une haute clôture fermée par des barrières. À chaque entrée, un panneau en trois langues, serbe, albanais et anglais, indique : « Ce bâtiment est protégé par la loi, tout acte de vandalisme sera sévèrement puni. Les forces de la Kfor (OTAN) prendront les mesures qui s'imposeront pour arrêter toute attaque ». Le décor est planté...
Crédit photo: Solidarité Kosovo


Pour les moins de 500 Serbes qui vivent encore à Lipljan, l'intérieur de cette clôture est un havre : ils s'y retrouvent dans l'église pour prier et autour d'elle pour célébrer leurs fêtes. Les jeunes y viennent aussi prendre des cours de langues et d'informatique, dans la salle construite près de l’église, où se trouvent les seuls ordinateurs auxquels ils aient accès. Cela leur sert aussi de local où ils peuvent se retrouver en sécurité pour jouer aux cartes, pour discuter, parfois pour faire de la musique ou danser.

Vous le voyez : cette enceinte est fondamentale pour les Serbes de Lipljan, c'est pourquoi nous y finançons des travaux d'aménagement qui permettront aux fidèles du Père Serdjan de s'y sentir encore mieux. Le plus gros de ces travaux consiste en l'installation d'un chauffage central qui dessert l'église, le presbytère et la salle de langue et d'informatique.

Crédit photo: Solidarité Kosovo


Ainsi, nous permettons à ces Serbes isolés, minoritaires chez eux, de continuer à se retrouver ensemble dans des conditions pouvant leur faire oublier les difficultés immenses qu'ils rencontrent au quotidien. Nous permettrons aussi et plus encore à cette centaine de jeunes de continuer à se former dans de bonnes conditions pour devenir des adultes forts et libres, à même de faire face aux défis qui les attendent.



L'équipe de "Solidarité Kosovo"

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lundi 26 février 2018

Archimandrite Kirill [Pavlov]: La douce Lumière de l'authenticité (3)



Je me souviens des paroles même de batiouchka il y a deux ans, quand il avait encore la force et le désir de dire au moins quelque chose: "Après tout, une personne n'a besoin de rien d'autre que la miséricorde de Dieu!" Nous, nous sommes encore jeunes, sains et forts. - avec une bonne note à nos examens, les bonnes grâces de nos patrons, des vacances bien passées, un joli manteau d'automne... Mais celui qui est privé de tout, de tous les attributs d'une vie humaine normale et de qualité, n'a besoin que de miséricorde. Il ne demande jamais rien, ni sa santé d'antan, afin de pouvoir marcher dans la chaleur d'une soirée d'été dans le jardin et nourrir les oiseaux; ni un minimum de vision pour qu'il puisse voir et reconnaître ceux qui viennent le voir; ni la capacité de servir avec ses chers frères dans sa Laure bien-aimée; ni la capacité de se retourner d'un côté à l'autre... Se considérant comme un pécheur, il ne veut pas demander à Dieu autre chose que ce qu'Il a déjà envoyé. Parce que ce qui a été envoyé n'était pas un appauvrissement, mais un nouveau don et un nouveau service. Parce que le Seigneur donne et le Seigneur reprend. Béni soit le nom du Seigneur dès maintenant et à jamais.

Le seul droit que le père Kirill se laissait était de défendre sa banalité et son insignifiance... Je ne pense pas que qui que ce soit puisse se souvenir d'une seule révélation venant de lui à propos de l'aide surnaturelle, de signes célestes ou d'apparitions miraculeuses - toutes ces choses hors de l'ordinaire qui pourraient classer Batiouchka dans un endroit exclusif parmi les gens. 

Comme il fut bouleversé quand, au début des années 90, que dans la Komsomolskaïa Pravda, me semble-t-il, un article décrivait sa clairvoyance presque fabuleuse! Son exaspération ne connaissait pas de limites. L'article était vraiment peu raffiné, plat et vulgaire, mais il faisait son travail - Peredelkino fut envahi par une foule de badauds qui souhaitaient voir l'avenir. 

Ce n'est que lorsqu'il était paralysé que, comme s'il retirait accidentellement le voile sacré du côté mystique de sa vie, il se précipitait immédiatement pour le cacher à nouveau... 

"Tu pries, n'est-ce pas batiouchka?  voyant son état inhabituel, et s'attendant à entendre, peut-être, quelque chose. "Eh bien, non, j'étais juste... juste en train de me souvenir..." et il agissait comme s'il était en train de s'assoupir. 

Néanmoins, sa vigilance monastique ne pouvait pas être complètement cachée à nous qui étions assis à son chevet nuit et jour. Soit il prononçait la prière d'absolution, soit il disait les noms des gens, soit il essayait (quand il le pouvait encore) de chanter tranquillement quelque chose de la vigile nocturne ou de la Liturgie. Tous les cinquante ans de son monachisme s'étaient passés avec les gens, et avec les gens, avec le souvenir de leurs peines et de leurs soucis, il continue à s'y tenir en ce jour.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après


dimanche 25 février 2018

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX


12/25 février
Ier dimanche du Grand Carême, de l'Orthodoxie


Triomphe de l'Orthodoxie

Icône de la Mère de Dieu d’Iviron ; saint Mélèce, archevêque d'Antioche (381) ; sainte Eulalie de Barcelone (312) ; sainte Marie, appelée Marin, et son père, saint Eugène, moines (VIème s.) ; saint Antoine II Cauléas, patriarche de Constantinople (895) ; saint Prochore le géorgien, restaurateur du monastère géorgien de la sainte Croix de Jérusalem (XIème s.) ; saint Luc de Jérusalem (Moukhaïze), martyr (1277) ; saint Nicolas (Dvali), martyr (1314) ; saint Alexis, métropolite de Moscou, thaumaturge (1378) ; saint Christos le jardinier, néo-martyr grec (1748) ; saint Mélèce, archevêque de Kharkov (1840) ;
Liturgie de saint Basile
Lectures : Hébr. XI, 24–26, 32 – XII, 2 ; Jn. I, 43–51.

HOMÉLIE DE ST JEAN DE CHANGHAÏ SUR L’ICÔNE


St. Jean de Changhaï

L’
icône n’est pas un portrait, car celui-ci ne représente que l’aspect terrestre de l’homme, tandis que l’icône figure aussi son état intérieur. Même si l’on ne représente que l’aspect extérieur, il sera différent selon les moments où on le peint. S. B. le métropolite Anastase racontait que, étant étudiant à la Faculté de Théologie, il assista à Cronstadt avec d’autres jeunes gens aux offices célébrés par le père Jean. Lorsque celui-ci acheva la Liturgie, son aspect était radieux, tel Moïse descendant du mont Sinaï. Après un certain temps, le père Jean les reçut dans sa cellule et avait l’aspect d’un homme habituel. Notre Seigneur Jésus-Christ Lui-même nous montra une fois Sa gloire divine sur le mont Thabor, tandis que le reste du temps, il semblait être une personne habituelle et les hommes se demandaient d’où Il pouvait avoir une telle force et accomplir des miracles. L’icône doit faire ressortir non seulement l’extérieur, mais aussi la vie intérieure, la sainteté et la proximité du ciel. Cela est repré­senté principalement par le visage ou l’expression, en fonction desquels devaient être peintes les autres parties de l’icône. C’est sur la représentation de l’état de l’âme, caché sous la chair, qu’était dirigée l’attention de nos iconographes orthodoxes. Plus on y parvenait, plus l’icône était réussie. Souvent, l’exécution d’autres parties du corps était inadéquate, non parce que les iconographes l’auraient voulu, mais simplement que la réussite du but principal ne leur permettait pas toujours de faire suffisamment attention aux aspects secondaires. Au demeurant, lorsqu’on fait des photogra­phies ordinaires, surtout si elles sont inattendues, il arrive imman­quablement que la position des corps humains ne soit pas naturelle, ce que nous ne remarquons pas ordinairement.

Il ne convient pas de peindre une icône en ne représentant que l’aspect extérieur du corps, mais il faut encore qu’elle reflète les combats spirituels invisibles et irradier la gloire céleste. Peut le faire à la perfection celui qui vit lui-même spirituellement, et au­quel sont compréhensibles et proches les vies de saints. Pour cette raison, nos anciens iconographes se préparaient toujours par le jeûne et la prière. C’est ainsi qu’à de nombreuses icônes peintes, le Seigneur a donné le pouvoir d’effectuer des miracles. Naturellement, chaque icône après avoir été bénite, doit être vénérée, et on ne doit pas la traiter avec mépris ou irrespect, raison pour laquelle nous nous abstenons de condamner les icônes qui se trouvent déjà dans une église, mais nous devons toujours aspirer à ce qu’il y a de mieux et, ce qui est le principal, prêter attention non pas tant au caractère esthétique de l’icône qu’à sa spiritualité.

Tropaire du dimanche du 5ème ton
Собезнача́льное Сло́во Oтцу́ и Ду́xoви, отъ Дѣ́вы ро́ждшeecя на спасéнie на́ше, воспои́мъ вѣ́рніи и поклони́мся, я́ко благоволи́ пло́тію взы́ти на крéстъ, и cмéрть претерпѣ́ти, и воскреси́ти умéршыя сла́внымъ воскресéніемъ Cвои́мъ.
Fidèles, chantons et adorons le Verbe coéternel au Père et à l’Esprit, né d’une Vierge pour notre salut : car il Lui a plu, en Sa chair, de monter sur la Croix, de subir la mort et de relever les défunts par Sa glorieuse Résurrection !

Tropaire du 1er dimanche de Carême, ton 2
Пpeчи́стому о́бpaзу Твоему́ покло-ня́емся благі́й, прocя́ще прoще́нія пpeгpѣшeній ншихъ Xpисте́ Бо́же ; во́лею бо благоволи́лъ ecи́ пло́тію взы́ти на Kpécтъ, да изба́виши, я́же созда́лъ ecи́, отъ рабо́ты вpáжія. Tѣ́мъ благода́рственно вопіе́мъ Ти́ : páдости испо́лнилъ ecи́ вся́ Cпáce на́шъ, прише́дый спасти́ мípъ.
Nous vénérons Ta très pure Image, Toi qui es bon, en implorant le pardon de nos fautes, ô Christ Dieu. Car Tu as bien voulu, dans Ta chair, monter sur la Croix, afin de délivrer ceux que Tu as créés, de la servitude de l’ennemi. Aussi, Te rendant grâce, nous Te crions : Tu as tout rempli de joie Sauveur, en venant sauver le monde.

Tropaire de l’icône de la Mère de Dieu d’Iviron, ton 1
Отъ святы́я ико́ны Твоея́, о Влады́чице Богоро́дице, исцѣле́нія и цѣльбы́ подаю́тся оби́льно, съ вѣ́рою и любо́вію приходя́щимъ къ не́й. Та́ко и мою́ не́мощь посѣти́ и ду́шу мою́ поми́луй, Блага́я, и тѣ́ло исцѣли́ благода́тію Твое́ю, Пречи́стая.
De ton icône, souveraine Mère de Dieu, en abondance jaillissent la guérison et la santé pour les fidèles qui s'en approchent avec amour: visite donc l'infirme que je suis; par ta grâce, guéris mes corporelles passions et prends pitié de mon âme, en ta bonté.
Kondakion du dimanche du 5ème ton
Ko а́ду Спа́сe мо́й, coшéлъ ecи́, и врата́ сокруши́вый я́ко всеси́ленъ, умéршиxъ я́ко Созда́тель coвоскреcи́лъ ecи́, и cме́рти жáло сокруши́лъ ecи́, и Aда́мъ отъ кля́твы изба́вленъ бы́сть, Человѣколю́бче. Тѣ́мже вси́ зове́мъ : спаси́ на́съ, Го́споди.
Ô mon Sauveur, Tu es descendu aux enfers, brisant ses portes comme Tout-Puissant; et avec Toi, Créateur, Tu ressuscitas les morts, brisant l’aiguillon de la mort et libérant Adam de la malédiction, ô Ami des hommes ! Aussi, tous nous Te clamons : Seigneur, sauve-nous!
Kondakion de l’icône de la Mère de Dieu d’Iviron, ton 8
Аще и въ мо́ре вве́ржена бы́сть свята́я ико́на Твоя́, Богоро́дице, отъ вдови́цы, не могу́щія спасти́ сію́ отъ враго́въ, но яви́лася е́сть храни́тельница Аѳо́на и врата́рница оби́тели Иверскія, враги́ устраша́ющая и въ правосла́внѣй Россíйстѣй странѣ́ чту́щія Тя́ отъ всѣ́хъ бѣ́дъ и напа́стей избавля́ющая.
Bien que ta sainte icône eût été lancée en mer par une veuve ne pouvant la cacher aux destructeurs, elle est devenue la gardienne de l'Athos, la tourière du monastère d'Iviron, notre Dame, l'effroi des ennemis, celle qui libère de toute sorte d'épreuve et de malheur les fidèles qui t'honorent dans le pays de la Russie orthodoxe.
Kondakion du 1er dimanche de Carême, ton 8
Нeoпи́санное cло́вотчее, изъ Teбе́ Богopóдице описа́ся воплощaeмъ : и ocквépншійся о́бpaзъ въ дpéвнее вообpaзи́въ, Боже́ственною добpóтою смѣcи́ : но иcповѣ́дающе спасе́нie, дѣ́ломъ и cло́вомъ, cié вообpaжáeмъ.
Le Verbe incirconscriptible du Père, fut circonscrit en s’incarnant de Toi, ô Mère de Dieu. Restaurant sous son ancien aspect l’image souillée, Il la mêla à la Divine beauté. Mais confessant le salut, nous le représentons en actes et en paroles.
Au lieu de « Il est digne en vérité... », ton 8
О Teбѣ́  páдуeтся, Благода́тная, вся́кая твápь, Áнгельскій coбópъ и человѣ́ческiй póдъ, ocвяще́нный xpáме и paю́ слове́сный, дѣ́вственнaя пoxвaлó, изъ Heя́же Бо́гъ воплоти́cя, и Mладе́нецъ бы́́сть, пpéжде вѣ́къ сы́й Бо́гъ  нáшъ; Ложесна́ бо Tвоя́ пpecто́лъ coтвopи́, и чpéво Tвое́ простра́ннѣe небécъ coдѣ́лa. О Teбѣ́ páдуeтся Благода́тная, вся́кая твápь, cлáва Teбѣ́.
En Toi se réjouissent ô Pleine de Grâce, toute la création, le chœur des anges et le genre humain. O Temple sanctifié, ô paradis spirituel, ô Gloire virginale, c’est en Toi que Dieu s’est incarné, en Toi qu’est devenu Petit Enfant Celui qui est notre Dieu avant tous les siècles. De Ton sein, Il a fait un trône plus vaste que les cieux. O Pleine de Grâce, toute la création se réjouit en Toi. Gloire à Toi.

La règle DE ST VINCENT DE LÉRINS
« pour distinguer la vérité de l’erreur »

Saint Vincent de Lérins
Souvent, avec le plus grand soin et beaucoup d’attention, j’ai interrogé de nombreux hommes, aussi saints que savants. A tous je demandai : « Existe-t-il une règle sûre, d’application générale, canonique en quelque sorte, qui me permette de distinguer la vraie foi catholique (c’est-à-dire universelle, orthodoxe) de l’erreur des hérésies ? » De tous, j’ai toujours reçu la même réponse : « Si tu veux, toi ou quelque chrétien (...) demeurer sain et sans tache dans une foi saine, alors avec l’aide du Seigneur, abrite ta foi sous l’autorité de la loi de Dieu [c’est-à-dire la Sainte Écriture], puis sous la Tradition de l’Église ». On m’objectera peut-être: « Mais le Canon des Écritures est parfait ; il se suffit largement à lui-même. Pourquoi donc y ajouter l’autorité de l’interprétation qu’en donne l’Église ? » Précisément parce que le sens de l’Écriture est si profond que tous ne l’entendent pas pareillement, ni universellement. Les mêmes mots sont interprétés différemment par les uns et par les autres. On pourrait presque dire qu’il y a autant de commentaires de l’Écriture qu’il en existe de lecteurs ! Novatien expliquait l’Écriture d’une certaine façon ; Sabellius d’une autre ; Donat avait ses propres idées sur le sujet ; et Arius, Eunome, Macedonius, Photin, Apollinaire, Priscillien, Jovinien, Pélage, Celestius, Nestorius, tous ont eu leur opinion personnelle... Il est donc bien nécessaire, devant cette erreur aux replis si variés, de soumettre l’interprétation des Livres prophétiques et apostoliques à la règle du sens ecclésial et orthodoxe. Dans l’Église catholique [c’est-à-dire universelle, orthodoxe] même, il faut veiller avec le plus grand soin, à tenir pour vrai ce qui a été cru partout, toujours et par tous... Plus je pense à tout cela, plus je suis étonné de la folie de certains, de l’impiété de leur âme aveugle, de leur passion pour l’erreur. Car ils ne se contentent pas d’une règle de foi traditionnelle, reçue depuis l’antiquité. Mais de jour en jour, ils veulent du nouveau, encore du nouveau ! Ils brûlent toujours d’envie d’ajouter, de changer, de supprimer quelque chose à la religion. Comme si elle n’était pas un dogme céleste dont il suffit qu’il nous ait été révélé, mais plutôt comme s’il s’agissait de quelque doctrine terrestre qui ne parvient à la perfection qu’après de constantes corrections. Pourtant les paroles divines ne proclament-elles pas : « Ne déplace pas les bornes que tes pères ont posées » (Prov. XXII, 28), et aussi : « Ne juge pas par-dessus le Juge » (Si. VIII, 14), et « Qui coupe la haie, le serpent le mord » (Eccl. X, 8), et encore cette parole de l’Apôtre qui, telle un glaive spirituel, décapitera toujours les nouveautés criminelles de l’hérésie : « Ô Timothée, garde bien le dépôt, évite les paroles nouvelles et impies et les objections d’une pseudo-science, car pour s’y être attachés, certains se sont égarés de la foi » (I Tim. XX, 21) (...). Qu’est-ce qu’un dépôt? Un dépôt, on te l’a confié ; tu ne l’as pas trouvé. C’est quelque chose que tu as reçu et non élaboré toi-même ; il ne provient pas de ton intelligence personnelle, mais de la doctrine ; il n’est pas réservé à l’usage privé, mais fait partie d’une tradition publique. Il est venu vers toi, tu n’en es pas l’auteur, mais le simple gardien. Tu ne l’as pas institué... Tu ne le diriges pas, tu dois le suivre. Conserve donc inviolé et intact ce talent (Matth. XXV, 14) de la foi catholique. Ce qui t’a été confié, garde-le chez toi et transmets-le. Tu as reçu de l’or, c’est de l’or qu’il faut rendre. Je n’admets pas que tu substitues impudemment une chose à une autre, du plomb ou du bronze à de l’or. Je ne veux ni simili ni plaqué, mais de l’or pur... ».
« Commonitorium » de St Vincent de Lérins († vers 450)

Le livre « DE L’ORIENT À L’OCCIDENT – Orthodoxie et Catholicisme » du père Placide Deseille (Éditions des Syrtes) présente, outre l’autobiographie de l’auteur d’éternelle mémoire, un certain nombre de ses textes concernant les divergences entre la foi véritable et le catholicisme-romain, ainsi que des conseils sur la façon de vivre l’Orthodoxie dans le monde contemporain.